samedi 9 janvier 2010

Le Double

Adriana Koulias

Les êtres humains ont toujours eu un pressentiment qu’ils portent en eux-mêmes un autre être. Les mythes et légendes parlent du monstre qui doit être conquis si l’être humain veut progresser. Les Perses l’ont vu en Enkidu, le compagnon sauvage et poilu de Gilgamesh, les Grecs l’ont vu comme le Minotaure qui devait être surmonté par Thésée, les frères Grimm l’ont dépeint en Rumplestiltskin, le petit homme rusé qui enfonce sa jambe dans la terre et se déchire en deux lorsque la fille résout l’énigme de son nom. Cet être a aussi été dépeint par Hermann Hesse dans son livre ‘Steppenwolf’ et par Dostoïevski dans son poème ‘le Double’. L’énigmatique créature qui se nourrit du sang des êtres humains pourrait même être le vampire des vieilles légendes. Un parasite qui hait la lumière du jour et vit seulement dans la noirceur. Le Loup-Garou est un autre exemple tout comme le conte de Frankenstein. Plus récemment nous le voyons en la créature de Gollum dans Le Seigneur des Anneaux.

Ce soir nous allons explorer le double selon Rudolf Steiner et sa connaissance de l’humain triarticulé.

Rappelons-nous ce que nous avons dit à propos de l’être humain.

Rudolf Steiner nous a dit que l’être humain est constitué de trois corps (physique éthérique astral), trois degrés de l’âme (sentante, intellectuel, consciente), et d’un ego qui un jour développera trois membres spirituels.

Ce soir nous allons nous concentrer particulièrement sur le corps et l’âme.


Les parties physiques sont :

• Corps physique - Os / Membres
• Corps éthérique - Sang / Organes
• Corps astral - Nerfs / Sens


Les parties de l’âme sont :

• Âme sentante - Sentir
• Âme intellectuelle - Penser
• Âme consciente - Vouloir

L’être humain n’est pas aussi isolé qu’on l’imagine. Dans chaque respiration, dans chaque perception, dans chaque absorption de nourriture, dans chaque sensation, pensée et acte de volonté, les êtres humains sont accompagnés par des êtres de nature spirituelle. Des êtres Lucifériens et des êtres Ahrimaniens (êtres d’opposition retardés) entrent dans l’âme humaine durant l’évolution, et c’est un fait qu’ils vivent côte à côte avec des êtres élémentaires, ou esprits de la nature, et aussi des êtres spirituels supérieurs (progressifs) dans nos corps Physique, Éthérique et Astral.

Nous avons entendu dans des conférences passées comment Lucifer est entré dans l’être humain à travers ses nerfs et sens, c’est-à-dire dans son corps astral, durant l’époque Lémurienne. Cela a rendu possible à Ahriman, qui existe autour de nous dans le monde matériel, d’entrer dans l’homme par ses sens. Ahriman désire ardemment résider dans le corps Éthérique car c’est là, dans le corps de forces formatrices, le corps de vie où réside la mémoire, qu’il trouve son nid de développement le plus adéquat. À côté de ces êtres il y a des esprits de la nature élémentaux qui entrent dans l’homme à travers sa nourriture, enchantés dans les minéraux et vitamines qu’il ingère. Par ses yeux aussi l’homme absorbe ces êtres élémentaires qui vivent dans l’élément Éthérique de la Terre, par son sens de l’odorat et tous ses autres sens, goûter, toucher, etc. Ces êtres n’ont pas d’Ego et dépendent de l’homme afin de progresser. Un homme de caractère moral désenchante ces êtres et leur permet de progresser d’avantage dans leur évolution.
Un homme qui n’est pas moral les piège en lui-même, ainsi ils deviennent la proie d’êtres Lucifériens et Ahrimaniens.

Il y a cependant un autre être qui entre en l’homme, juste avant qu’il naisse. Cela forme une partie de ce que Steiner appelle ‘le Double’.

À la naissance, l’homme ne peut pas pénétrer complètement ses corps Éthérique et Physique avec son Ego et les parties de son Âme. C’est-à-dire qu’il reste inconscient à la partie physique de l’existence humaine. L’être humain ne descend pas dans celle-ci. Nous voyons ceci dans le conte biblique de la Chute lorsque l’Arbre de Vie (le corps Éthérique) est refusé à l’homme lorsqu’il mange le fruit de l’Arbre de la Connaissance. Cela arriva pour notre propre bien, parce que la connaissance concernant ces processus n’était pas seulement dangereuse – l’homme aurait été capable de manipuler son corps physique, c’est-à-dire jusque dans ses os aussi bien que son sang, etc. – mais elle aurait aussi dévié son attention du développement de sa conscience d’Ego. Pensez seulement à quel point il est difficile de se concentrer lorsque l’on a de la douleur, ou lorsqu’on est malade. À ces moments vous ne pouvez pas utiliser vos facultés supérieures parce que vos processus physiques les dominent. Nous ne devons pas être capable de sentir chaque processus de la digestion, chaque impulsion de nos cerveaux vers nos muscles. Cela serait extrêmement dérangeant, et se produit seulement durant une maladie.

Il était alors nécessaire pour l’humain d’oublier cette connaissance, et il en résulta l’inconscience de celle-ci.

Rudolf Steiner nous dit que partout où a lieu une inconscience, cela crée des opportunités pour les êtres spirituels d’entrer en l’homme. Ainsi le fait que l’homme est inconscient dans sa nature physique crée une opportunité pour les êtres spirituels d’entrer dans le vide laissé par l’âme et l’esprit. C’est dans cet espace qu’entre, peu de temps avant que nous naissions, un être qui prend possession de ces processus physiques inconscients.

Cet être, nous dit Rudolf Steiner, tombe dans la catégorie des êtres Ahrimaniens. Un être qui est connecté avec le grand être d’opposition Ahriman dont le royaume est la matière, la terre et les éthers déchus.

Ce double au service d’Ahriman continue à vivre en nous durant notre vie, en majorité dans notre corps Éthérique de la même manière que notre esprit vit surtout dans notre âme.

Pourquoi est-ce qu’ils entrent dans l’homme ?

Ces êtres sont Ahrimaniens de caractère et ainsi ils sont des êtres retardés qui servent les êtres qui ont déchu durant l’ancien Soleil. Des êtres Ahrimaniens qui ne pouvaient pas passer par de leur stade humain à ce moment ont dû réaliser leur développement à un autre moment ne convenant pas à leur existence – sur une Terre Physique. N’ayant pas de corps physiques avec lesquels suivre leur développement ils devaient prendre résidence dans le corps physique des êtres humains s’ils ne voulaient pas souffrir trop grandement.

Leur sphère particulière d’action est le corps Éthérique.

Dans le corps Éthérique repose notre potentiel pour la mémoire et par conséquent notre Intellect. En lui repose aussi le pouvoir de l’amour et les prémisses de ce qui sera un jour la vraie conscience. Ce n’est alors pas difficile de voir pourquoi ces êtres sont attirés vers cette sphère car ils ont une intelligence Mephistophélique extrêmement grande, mais c’est une intelligence Ahrimanienne qui n’a pas de chaleur de cœur et pas de conscience. Dans le corps Éthérique repose nos tempéraments et nous pouvons voir le lien ici avec ces êtres qui sont possédés d’une forte volonté apparentée à la nature des éléments. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela veut dire que ces êtres sont connectés avec les éthers déchus qui ont à un moment été dans une phase de croissance-génération et sont maintenant en train de dégénérer, c’est-à-dire que ce qui à un moment existait dans le monde extérieur des éléments, éclairs, tonnerre, feu, vents, cyclones, mers rageantes – résultats des effets des éther Lumière, éther Chimique-Sonore et éther Vie – existent maintenant dans un état déchu dans la terre en tant que forces de l’électricité, magnétisme et le pouvoir de l’Atome.

Ce dessin de Rudolf Steiner nous donne une idée du Double. Notez les sept chakras liés au corps Éthérique ou ce que les Orientaux appellent Chi. Sa forme en rayon, les deux cornes et les yeux hypnotisés – éther Lumière dégénéré ou Électricité. Les grandes oreilles symbolisant l’éther Chimique-Sonore dégénéré ou magnétisme. Et l’éther Vie dégénéré qui est symbolisé par les ailes. Sa force vient d’une fissure dans la terre. L’homme assit sur la montagne de l’objectivité regarde ce double de l’autre côté de l’abysse ou seuil du monde spirituel et envoie des rayons bénéfiques pour transformer le double.

Il y a une chose que ces êtres ne peuvent tolérer, c’est la mort. Ils doivent quitter le corps humain avant que celui-ci ne meure. Ils ne peuvent accompagner l’esprit humain après la mort. Ils doivent attendre la prochaine incarnation de cet être afin de pouvoir se glisser à nouveau dans son corps.

Ils sont illusionnés cependant et croient qu’ils seront un jour capable de rester dans le corps humain après la mort.

C’est en fait le but de diverses confréries noires qui initient leurs membres vers une immortalité Ahrimanienne en faisant descendre le matérialisme, qui est approprié seulement pour le processus de pensée, jusque dans le corps Éthérique. Cela densifie le corps Éthérique de telle sorte qu’il ne se désintègre pas dans le monde Éthérique après la mort. Ce corps Éthérique dense est le véhicule parfait pour ces êtres. Cependant ils n’ont pas été capables de réussir cela à grande échelle à cause d’un évènement capital : le mystère du Golgotha qui est la mort du Christ. Après sa mort l’être du Christ est entré au cœur même de l’élément Éthérique et Physique de la terre, restreignant ainsi l’activité de ces êtres. Cela est caractérisé dans la Bible par sa descente aux ‘enfers’ souterrains. Cela a rendu impossible pour ces êtres de triompher de la mort et devenir les maîtres de l’évolution humaine.

Cela dit, nous ne devons pas penser que cet être n’est pas nécessaire pour le développement humain car il l’est. Toute entraves rendent une personne plus forte. Et c’est cette entrave même qui rend la mémoire possible. Car c’est ce double qui transporte avec lui la mémoire de tout ce que nous avons fait de nous-même de vie en vie. Sans ces êtres, l’homme n’aurait aucune mémoire de ce qu’il a vécu consciemment et inconsciemment lorsqu’il a traversé le Seuil, par la mort ou l’initiation.

À un certain point de notre développement nous devenons capable d’atteindre le Seuil entre le monde des sens et les mondes spirituels. À ce moment l’homme tombe sur cet être que Rudolf Steiner décrit dans de nombreux livres comme le petit gardien du seuil.

‘…Là s’élève le phénomène connu en tant que Gardien du Seuil – l’apparition du double inférieur de l’homme. L’être spirituel de l’homme, composé de ses impulsions de volonté, ses désirs et ses pensées, apparaissent à l’Initié en une forme visible. C’est une forme qui est parfois répugnante et terrible, car c’est la progéniture de ses bons et mauvais désirs et de son karma – c’est leur personnification dans le monde astral…’

Cet être barre la voie du monde spirituel parce que tant que nous transportons le bagage de nos fautes et erreurs, tous nos désirs et besoins inférieurs, toutes nos impulsions de volonté, tout ce qui est périssable et non éternel, nous sommes trop lourds et ne pouvons pas entrer.

C’est une vraie bénédiction de voir cet être parce qu’en voyant ce que nous avons créé de lui et sa forme hideuse, nous sommes encouragés à travailler sur nous-même pour nous parfaire afin que nous puissions supprimer l’influence de cet être.

Ce n’est pas surprenant ensuite que l’existence de cet être dans notre corps de vie mène à des maladies de nos organes. Dans le corps Astral cet être se manifeste par des maladies psychologiques, nerveuses.

Comment est-ce que cela arrive ?

Cela résulte des forces déchues qui sortent de la terre et sont immédiatement connectées au double. Là où le double est fort en nous il attire les forces déchues qui ensuite le nourrissent et l’animent davantage. C’est un fait qu’il y a certains êtres qui préfèrent certains lieux géographiques où tel ou tel éther déchu prévaut d’avantage et va entrer dans les êtres humains nés ici et là. Les forces déchues dans l’homme (le double) sont particulièrement renforcées en venant en contact avec leur contrepartie dans le monde extérieur.

Comment le percevons-nous ?

Dans la vie de tous les jours nous le voyons dans notre intellect partout où ce dernier devient dur et froid et manquant de sentiment. Nous le voyons dans nos tempéraments – partout où quelque chose devient habituel, partout où nous perdons le contrôle de nos émotions et à tout moment où nous avons la convoitise de choses d’une nature matérielle.

Un être qui vient immédiatement à l’esprit est Gollum du Seigneur des Anneaux. Il convoite l’anneau de pouvoir, qui sert les éthers déchus et leur seigneur. « Mon Précieux » est son slogan. Il est intelligent, rapide, rusé, mais n’a pas de cœur, tout ce qu’il fait est pour lui et lui seul. Il accompagne son maître Frodon, qui au début veut le tuer et plus tard prend pitié de lui et veut le racheter. C’est sage parce que sans Gollum la quête n’aurait pas pu être complétée.

Comment le rachète-t-on ?

Premièrement, comme dans Rumpelstiltskin nous devons apprendre son nom. C’est-à-dire nous devons le reconnaître avec la conscience de notre Ego, étant donné que chaque fois que nous le reconnaissons il perd du pouvoir.

Deuxièmement, nous devons élever notre penser du monde de la matière. Cela est fait en
• Ordonnant nos pensées (volonté dans le penser) par des exercices de concentration
• Libérant notre penser du cerveau par des méditations sur des vérités spirituelles qui sont animées, réchauffées par le ressentir (ressentir dans la pensée).

Troisièmement nous devons travailler sur notre vie de sentiments pour équilibrer les hauts et les bas par
• Équanimité (pensée dans le sentiment)
• Positivité (volonté dans le sentiment)

Quatrièmement, nous devons travailler sur notre vouloir à faire le bien
• Exercices de volonté (pensée dans le vouloir)
• Ouverture d’esprit (sentiment dans le vouloir)

Cela transforme l’Âme humaine et les corps physiques, permettant ainsi à l’impulsion du Christ d’y entrer. Quand le Double vient en contact avec l’être du Christ, il est immédiatement sauvé, racheté. L’être du Christ est caractérisé en ce sens comme étant le Grand Gardien du Seuil vers le monde spirituel. C’est lui qui se tient devant nous en tant que grand Archétype, l’idéal vers lequel nous devons nous tourner pour prendre exemple.

Un vieux sage a déjà dit à son élève :

‘Quel être est plus fort en toi, le Dragon ou l’Agneau ? ”
Le jeune élève était perplexe et répondit, “Je ne sais pas maître.”
À quoi le maître répliqua,
“Le plus fort est celui que tu nourris le plus.”

Allons-nous nourrir le dragon ou allons-nous créer l’espace dans lequel l’agneau peut exister?
Cela dépend de nous.







tiré du richissime blog Sagesse Païenne et Foi Chrétienne

http://spfc441.blogspot.com

mercredi 29 avril 2009

Le Double


A propos de ce que les Manichéens nommaient l'esprit d'imitation (antimimon pneuma), autrement dit le Double (Doppelgänger) :

Les Manichéens, comme les Cathares, partageaient l'humanité en 3 groupes : pneumatiques (spirituels), psychiques (animiques), et hyliques (matériels / matérialistes) ; dès lors, le sort des hommes est différent selon qu'ils sont spirituels, si la vertu de Lumière les guide, ou bien psychiques, avec une âme hésitante, ou encore matériels, c'est-à-dire emportés par "l'esprit d'imitation" vers les jouissances terrestres, et tous les vices qui en découlent.

Cet "esprit d'imitation" est ainsi désigné parce qu'il imite l'âme ; il aperçoit ses fautes et fixe ses habitudes, il est son "double", et réagit sur elle de l'extérieur pour la lier au corps physique. C'est en somme un corps étranger, démoniaque et subtil, qui la pousse à toutes les méchancetés, cruautés, vices etc. sous l'inspiration des Archontes.

Voici ce qu'en dit R.S. : " Cela se passe ainsi : peu de temps avant que nous ne naissions, un autre être spirituel - nous dirions aujourd'hui un être ahrimanien - s'introduit en nous. Il est tout autant en nous que notre propre âme (...) Il est l'instigateur de toutes les maladies organiques surgissant spontanément de l'intérieur (un alter ego de cet être, qui toutefois n'est pas de nature ahrimanienne, mais luciférienne, étant responsable de toutes les neurasthénies, névroses, hystéries) ", bref de toutes les maladies dites nerveuses. "Les hommes devront de plus en plus savoir, dans les siècles à venir, qu'ils portent en eux un tel double, un double méphistophélique, ahrimanien." Me Philippe avait aussi effleuré la question.

« Au XIXème siècle, la science a découvert que notre système nerveux était parcouru par des forces électriques. Elle avait raison. Mais lorsqu’elle a cru, lorsque les chercheurs croient que la force nerveuse qui fait partie de nous, qui est la base de notre vie mentale, a quoi que ce soit à voir avec des courants électriques, ils ont tort. Car les courants électriques sont des forces qui ont été déposées en nous par cet être que je viens de décrire, ils ne font pas du tout partie de notre être : nous portons effectivement aussi des courants électriques en nous, mais ils sont purement de nature ahrimanienne.

Ces entités hautement intelligentes, mais d’une intelligence purement méphistophélique, et d’une volonté plus apparentée à la nature que cela ne peut être dit de la volonté humaine, ont décidé un jour, de leur propre volonté, de ne pas vouloir vivre dans le monde auquel les dieux pleins de sagesse de la hiérarchie supérieure les avaient destinées à vivre. Pour conquérir la terre, elles ont besoin de corps ; n’ayant pas de corps propre, elles utilisent le corps humain autant qu’elles le peuvent, puisque l’âme humaine ne peut pas complètement remplir le corps humain.

Ces entités peuvent donc, compte tenu de la manière dont se développe le corps humain, s’introduire dans celui-ci à un moment donné, avant que la personne naisse, et elles nous accompagnent, en restant en dessous du seuil de la conscience. Il y a une seule chose, dans la vie humaine, qu’elles ne peuvent absolument pas supporter, c’est la mort. C’est pourquoi elles doivent effectivement toujours quitter le corps humain dans lequel elles s’incrustent, avant qu’ils soit saisi par la mort. C’est chaque fois de nouveau pour elles une très cruelle déception, car ce qu’elles veulent justement conquérir, c’est de rester dans le corps humain par delà la mort. Ce serait une haute conquête dans le royaume de ces entités ; mais elles n’y sont pas parvenues pour le moment.

Si le Mystère du Golgotha n’avait pas eu lieu, si le Christ n’était pas passé par le Mystère du Golgotha, il en serait depuis longtemps ainsi sur terre que ces entités auraient acquis la possibilité de rester à l’intérieur de l’homme même après que la mort lui a été karmiquement fixée. Alors elles auraient en tout état de cause remporté la victoire sur l’évolution de l’homme sur terre et seraient devenues les maîtres de cette évolution humaine sur terre.

Il est d’une formidable importance de comprendre ce rapport entre le passage du Christ par le Mystère du Golgotha et ces entités qui veulent conquérir la mort dans la nature humaine, mais ne peuvent pas encore le supporter aujourd’hui ; qui doivent toujours prendre garde à ne pas vivre cette heure à laquelle l’homme a déterminé à l’avance de mourir, qui doivent se garder de conserver son corps, de prolonger la vie de son corps au delà de cette heure de la mort. De cela aussi, dont je parle maintenant, certaines confréries sont au courant depuis longtemps. »
(R. Steiner, Derrière le voile des événements, Paris, 1999, p. 75 sqq.)

La mort est ainsi la providentielle délivrance de ces parasites d'un genre particulier. C'était la connaissance de ces réalités occultes que poursuivaient notamment certaines des expéditions vikings en direction du pôle Nord magnétique, et qui fut la raison, plus tard, des interdits de l'Eglise romaine à ce sujet, disons : sulfureux. Tout ce qui concerne le Double se reflète, en effet, dans le cosmos.

« Il s’agira, à l’avenir, quand la science se sera spiritualisée, de déterminer si certains processus doivent être accomplis le matin, le soir, ou le midi ; si on laisse encore, d’une manière ou d’une autre, influer sur ce qui a été fait le matin les effets du soir ou si l’ont exclut, en la paralysant, l’influence cosmique du matin jusqu’au soir. De tels processus s’avéreront nécessaires à l’avenir, et ils se dérouleront […] lorsque certains processus auront lieu le matin, seront interrompus dans la journée et qu’ensuite le courant cosmique les traversera de nouveau le soir pour être conservé rythmiquement jusqu’au matin suivant. De sorte que les processus se dérouleront de telle manière que certains effets cosmiques seront toujours interrompus pendant la journée […]

Les milieux qui veulent introduire l’Antichrist en le faisant passer pour le Christ visent à exploiter ce qui peut agir notamment au moyen des forces les plus matérielles, mais qui, au moyen de ces forces les plus matérielles, agit justement de manière spirituelle. Ces mouvements visent surtout à exploiter l’électricité, et en particulier le magnétisme terrestre, pour produire des effets sur toute la terre… On lèvera le voile sur ce mystère. Les Américains détiendront le secret d’utiliser le magnétisme terrestre dans sa dualité des magnétismes nord et sud, pour envoyer sur toute la terre des forces de domination qui agissent sur un plan spirituel […] Je ne peux, sur ces questions, donner rien de plus, pour l’instant, que de légères indications : il existe une ligne du ciel le long de laquelle des entités spirituelles exercent continuellement leur action ; il suffit de mettre ces entités spirituelles au service de l’existence terrestre pour lever le voile sur ce mystère du magnétisme terrestre […]
Un grand combat s’engagera à l’avenir… La science bonne et salutaire aura pour tâche de trouver certaines forces cosmiques qui peuvent naître sur terre de l’action conjuguée de courants issus de deux directions cosmiques : celle des Poissons et celle de la Vierge… C’est là le bien que l’on découvrira, à savoir la manière dont, depuis deux côtés du cosmos, les forces du matin et les forces du soir peuvent être mises au service de l’humanité ; d’un côté en provenance des Poissons, de l’autre en provenance de la Vierge.

On ne s’occupera pas de ces forces, par contre, là où l’on essaiera de tout obtenir par le dualisme de la polarité des forces positives et négatives. Les mystères spirituels en vertu desquels ce qui est cosmique peut, sur terre – à l’aide des forces doubles du magnétisme, le positif et le négatif – traverser ce qui est spirituel, proviennent des Gémeaux ; ce sont des forces de midi. Déjà dans l’Antiquité, on savait qu’il s’agissait là de quelque chose de cosmique, et les scientifiques savent bien, aujourd’hui, sur un plan exotérique, qu’il existe d’une manière ou d’une autre, dans le zodiaque, derrière les Gémeaux, un magnétisme positif et un magnétisme négatif. Il s’agira alors de paralyser ce qui doit être tiré du cosmos par la manifestation de la dualité, de le paralyser de manière égoïste, matérialiste, au moyen des forces qui affluent vers l’humanité depuis les Gémeaux, et qui peuvent être entièrement mises au service du Double.

Pour d’autre confréries qui veulent surtout passer à côté du Mystère du Golgotha, il s’agira de tirer parti de la double nature de l’homme, cette double nature qui comprend, tel que l’homme est entré dans la cinquième période postatlantéenne, d’un côté l’homme, mais en l’homme aussi sa nature animale inférieure. Car l’homme est vraiment un centaure : il contient la nature animale inférieure astralement, et ne contient l’humanité qu’au-dessus, pour ainsi dire, de cette nature animale. Du fait de cette action concourante de la double nature en lui, il existe aussi un dualisme de forces – et c’est ce dualisme de forces qui sera davantage utilisé du côté oriental, indien, par certaines confréries égoïstes… et ce dualisme-là emploie les forces qui agissent depuis le Sagittaire.

Conduire la dimension cosmique d’une double manière indue ou d’une simple manière juste, telle est la tâche qui attend l’humanité […] Par le détour des Gémeaux, des morts seront introduits dans la vie humaine, ce qui aura pour effet que les vibrations humaines continueront à raisonner et à vibrer d’une manière très particulière dans les travaux mécaniques accomplis par les machines. Le cosmos mettra les machines en mouvement par ce biais. »
(R. Steiner, Les êtres spirituels individuels et le fondement unitaire du monde, G.A.178, Paris, 1999.)

Combattre ces influences nocives émanant du Sagittaire et des Gémeaux, ce sera la tâche de ceux qui seront appelés à s’incarner et naître en Russie à toutes fins de les neutraliser :

« Ce que le Russe aime dans sa terre, ce dont il s’imprègne, lui donne certaines faiblesses, mais surtout aussi une certaine capacité à surmonter la nature de ce Double dont j’ai parlé. C’est pourquoi le Russe sera appelé à fournir les impulsions les plus importantes à l’époque où cette nature du Double devra être définitivement combattue, dans la sixième période de civilisation postatlantéenne.

Mais il y a un lieu à la surface de la terre qui présente la plus grande parenté avec ces forces [ahrimaniques]. Lorsque l’homme s’y rend, il entre dans leur domaine d’influence ; dès qu’il le quitte, il n’en est plus ainsi, car il s’agit de caractéristiques géographiques, non pas ethnographiques ou nationales, mais purement géographiques. La région où ce qui afflue depuis le bas exerce la plus grande influence sur le Double est la région de la terre où la plupart des montagnes ne sont pas orientées transversalement d’Ouest en Est, mais où les montagnes sont principalement orientées du Nord au Sud – car cela est également en lien avec ces forces – et où l’on est proche du pôle nord magnétique. C’est la région où, sous l’effet des conditions extérieures, se développe avant tout une parenté avec la nature méphistophélique ahrimanienne [satanique]. Et beaucoup, dans l’évolution de la terre qui poursuit sa marche en avant, est dû à cette parenté. L’homme n’est pas en droit, aujourd’hui, de passer par l’évolution de la terre en aveugle ; il doit percer à jour ces liens entre les choses. L’Europe ne pourra établir des rapports justes avec l’Amérique que si ces circonstances peuvent être percées à jour, que si l’on sait quelles limitations d’ordre géographique viennent de là-bas. Sinon, si l’Europe continue à rester aveugle à ce propos, il en ira de cette pauvre Europe comme il en alla de la Grèce par rapport à Rome.

IL NE FAUT PAS QUE LE MONDE SOIT GÉOGRAPHIQUEMENT AMÉRICANISÉ […] CAR LES EFFORTS DE L’AMÉRIQUE VISENT À TOUT MÉCANISER, À TOUT FAIRE ENTRER DANS LE DOMAINE DU PUR NATURALISME, À EFFACER PEU À PEU DE LA SURFACE DE LA TERRE LA CULTURE DE L’EUROPE. »
(R. Steiner, Derrière le voile des événements – Le mystère du Double, G.A. 178, Paris, 1999, pp. 88-89).

Ce n’est pas, en effet, d’Amérique et de son matérialisme ahrimanien que devra naître l’Esprit nouveau, le vrai sol où naîtra le Soi spirituel (le Manas) engageant définitivement l’homme vers la spiritualisation de son être, mais du Nord-Est européen, du Baltikum et de la Russie lorsque se feront jour là-bas les germes du futur sur le chaos de l’ancien monde en ruine.

« A notre époque, races et civilisations s’enchevêtrent encore. La véritable idée de race a perdu sa signification, mais elle joue encore un rôle. Il n’est guère possible qu’actuellement déjà, une même mission soit remplie par tous les peuples de la même manière. Certains peuples y sont particulièrement prédestinés. Les nations qui représentent aujourd’hui la civilisation occidentale ont été choisies pour amener cette cinquième civilisation à son apogée. Elles ont dû développer l’intellect, la raison. C’est pourquoi cette civilisation de l’intelligence, qui n’est d’ailleurs pas encore arrivée à son point culminant, est répandue surtout en Occident. L’intelligence élargira encore son champ d’action ; les hommes utiliseront de plus en plus leurs forces spirituelles à satisfaire leurs besoins matériels, à se détruire les uns les autres, avant même la Guerre de tous contre tous. De nombreuses découvertes seront faites en vue de mieux faire la guerre ; une intelligence considérable sera mise en œuvre afin de contenter les instincts les plus bas.

Mais simultanément quelque chose se prépare à quoi certaines nations de l’Est, du Nord-Est, sont prédestinées. Des nations se préparent à sortir d’une certaine léthargie, à susciter, sous forme de grandes et puissantes impulsions, une force spirituelle qui sera comme le pôle opposé de l’intellectualité, […] époque à venir où la spiritualité de l’Est et l’intellectualité de l’Ouest viendront à s’unir. De cette union naîtra la communauté de Philadelphie.

Tous ceux qui accueillent dans leur âme l’impulsion du Christ participeront à cette union et formeront la grande communauté fraternelle qui survivra à la Guerre de tous contre tous. Ils auront des ennemis, ils subiront maintes persécutions – mais ils assureront une base à la race du Bien. Lorsque la Guerre de tous contre tous aura provoqué l’apparition de l’animalité chez ceux qui en sont restés aux formes du passé, la race du Bien naîtra elle aussi. Elle portera vers la future époque une civilisation plus élevée. Et nous verrons, entre le Déluge atlantéen et la “Guerre de tous contre tous”, se former à l’époque de Philadelphie une colonie qui n’émigrera pas ; elle sera partout présente, de sorte qu’on pourra partout agir dans l’esprit de Philadelphie, dans l’esprit du Christ, dans l’esprit de la future communauté humaine. » (R. Steiner, L’Apocalypse, Paris, 1978, p.116 sqq.)


L’ère véritable du Verseau censée ne débuter que dans une quinzaine de siècles nous ouvrira probablement les portes d’une rencontre personnelle directe avec le Christ au plan éthérique du monde ; ce qui ne se réalise aujourd’hui que pour certains deviendra donc le bien de tous, à tout le moins de tous ceux qui n’auront pas succombé aux sollicitations des entités lucifériennes et sataniques, et particulièrement aux corruptions asuriques émanées de Soradt, le 6.6.6.

Nous en serons alors, en effet, à ce que l’Apocalypse décrit comme la 6ème Lettre : premier six auquel pourront déjà succomber certains. Surviendra la grande “Guerre de tous contre tous” à laquelle succéderont cinq nouvelles ères religieuses – et le nombre six se représentera lors de l’ouverture du 6ème Sceau : l’abîme dès lors s’élargira entre les justes et les mauvais, le Mal s’intensifiant d’autant, mais non de manière irréversible. Puis, lorsque enfin se seront écoulés les derniers cycles et que le Mal aura atteint les degrés ultimes de la perversion du Moi – les noces de l'homme avec la matière en dégénérescence – surviendra, avec le dernier Six, l’abomination de la Magie Noire et l’expulsion de la Bête à deux cornes. Lors, pourra survenir la spiritualisation de la Terre et son entrée en pralaya ; les forces du mal et de la dualité de l'Adversaire auront été surmontées.

Ces quelques précisions en manière d'avertissement face à ce qui se tient d'ores et déjà derrière le rideau des apparences – au delà de cette maya qui nous retranche d'une réalité que nous ne devons plus ignorer, sous peine de tomber en tous les pièges d'un monde où se trame le cours des choses et la face cachée de nos vies intérieures.

W. Helm
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mardi 24 mars 2009

Derrière le voile de la sexualité


« Le matérialisme a fait sombrer notre savoir à un niveau honteux, comme cela n’était encore jamais arrivé sur la Terre. Le pire de ce qui est arrivé à notre époque est de confondre l’amour avec la sexualité. C’est là la pire expression du matérialisme, la plus diabolique de notre époque. Ce qui se fait dans ce domaine est ce dont on devra se débarrasser en premier lieu. La sexualité et l’amour n’ont rien de commun. La sexualité n’a rien à voir avec l’amour pur, originel. Notre savoir a commis une infamie en publiant toute une littérature qui s’occupe de mettre en rapport ces deux choses qui n’ont aucun rapport. » (Rudolf Steiner)


« Nous avons vu que, lorsque l’homme perce le voile de la nature et pénètre derrière ce voile, il rencontre des êtres destructeurs : les êtres ahrimaniens. Dans l’ordre du monde, ces êtres sont tout d’abord des ennemis acharnés de la nature humaine terrestre. Lorsqu’on a la faiblesse de se lier à eux – ce qui peut arriver comme je vous l’ai montré – on se lie à des ennemis de l’homme terrestre. On s’allie vraiment à des ennemis de l’homme terrestre. Et cette alliance est grandement favorisée par un certain rapport de l’homme avec le cosmos.

Les entités que l’on découvre ainsi derrière le voile de la nature sont intelligentes. Elles ont leur forme d’intelligence. Je vous ai déjà parlé de l’intelligence humaine. Eh bien, ces êtres-là pensent, eux aussi ; ils ont leur intelligence ; ils ressentent, même si, là encore, c’est autrement que les hommes. Ils accomplissent certains actes qui se manifestent extérieurement dans des phénomènes naturels, mais dont la véritable nature est derrière le voile de la nature.

Or il existe une singulière affinité entre quelque chose en l’homme et les plus hautes facultés de ces êtres. Je voudrais essayer d’expliciter cela. Lorsque l’homme qui franchit le seuil du monde spirituel s’approche de ces êtres – qu’il ait l’impression d’entrer en enfer ou qu’il se représente cela autrement n’est pas la question ; ce qui importe, c’est de se faire de cette expérience une idée juste – cet homme doit d’abord être frappé par la haute intelligence, l’extraordinaire intelligence de ces êtres. Ils sont extrêmement sagaces et avisés. C’est ainsi que la force de leur âme se manifeste. Mais ces forces d’âme qui, chez eux, sont des forces supérieures, sont apparentées aux forces de la nature inférieure de l’homme. Ce que les pulsions sensuelles sont en l’homme, ce sont, chez ces êtres, les forces supérieures qui en imposent tellement. Il existe donc une certaine parenté entre les forces les plus basses de l’homme et les forces les plus hautes de ces êtres. Voilà pourquoi, lorsqu’on pénètre dans ce monde, ces forces cherchent à s’identifier aux forces inférieures de l’homme ; elles aiguillonnent alors ses instincts de destruction et de haine ou d’autres pulsions du même genre, parce que les esprits en question font monter vers eux ce qui est bas chez l’homme. Les forces qui sont chez eux plus élevées agissent à travers les forces inférieures de l’homme. On ne peut pas vraiment s’allier avec eux sans avilir sa propre nature en développant de violents appétits sensuels. Voilà un fait dont il faut tenir compte, car il montre bien comment nous devons nous représenter notre rapport avec le cosmos. Il y a dans notre nature humaine de bas instincts. Mais il s’agit là de forces qui ne sont de bas instincts que dans l’homme. Dès que ces êtres spirituels disposent de ces mêmes forces, ces instincts sont chez eux des forces supérieures. Mais ces êtres spirituels agissent toujours dans notre nature : ils sont toujours en nous […]

Les autres, ceux que l’on rencontre lorsqu’on pénètre derrière le voile de la vie intérieure, sont d’une tout autre nature. Ils n’ont aucun goût particulier pour la destruction. En réalité ils ignorent même ce que l’on désigne par ce mot. Ils ont, par contre, une véritable rage d’agir, de faire quelque chose, un formidable besoin d’être actifs et de produire. Eux aussi sont dotés de certaines qualités supérieures, mais qui sont moins apparentées à notre penser qu’à notre ressentir et, surtout, à notre vouloir. Nous pénétrons là dans un domaine où vivent des êtres qui ont une grande affinité avec notre vouloir et même curieusement, avec les aspects les plus nobles, les plus élevés de ce vouloir.

Quand nous pénétrons d’abord dans le monde sans avoir la moindre notion de tout ce que savent les initiés – c’est-à-dire qu’il existe un monde spirituel aussi bien derrière la nature que derrière la vie de l’âme – et quand nous imprégnons notre vouloir d’idéaux élevés, quand nous purifions ainsi notre vouloir en le spiritualisant, ce vouloir ennobli se lie aux facultés inférieures des êtres auxquels nous nous lions alors. Il y a, en effet, un mystérieux lien d’attraction entre les aspects les plus nobles de notre volonté et les pulsions et les besoins inférieurs de ces entités.

Représentez-vous maintenant une personne à laquelle un représentant de communauté religieuse apporte une certaine consolation en lui parlant de l’immortalité, de la valeur de l’âme humaine, du divin, etc. Il suffira alors peut-être d’un tout petit choc pour que cette personne, notamment s’il s’agit d’une belle âme, perce la fine pellicule de sa vie intérieure à un quelconque endroit, et parvienne ainsi derrière les mystères du penser, du ressentir et du vouloir. Mais elle entre alors dans la région de ces êtres de volonté, et la conséquence en est que le côté idéalisé de son vouloir commence à se tinter de sensualité. Dans cette optique, je vous invite à lire les nombreuses descriptions faites par les mystiques, hommes ou femmes. Si vous lisez leurs biographies, vous verrez comment on entre alors dans une atmosphère pesante, où les idéaux les plus élevés prennent un caractère sensuel. Avec quelle ardeur les mystiques invoquent l’époux – ou l’épouse – de leur âme, l’union mystique vécue comme une union sensuelle avec le Sauveur quand il s’agit d’une femme, ou avec la Vierge Marie quand il s’agit d’un homme ! Ces êtres de volonté cherchent à introduire dans notre penser, dans nos idéaux, ce que nous ne trouvons autrement que dans la sensualité.


Ce que je vous dis là est grave. Les êtres dans la région desquels on entre alors s’efforcent – et de leur point de vue c’est très bien ainsi – de faire passer leurs instincts sensuels dans notre vouloir idéalisé. C’est comme si, dans le vouloir de notre tête qui, par ailleurs, reste assez froid, s’insinuait un sentiment voluptueux du monde spirituel qui prend souvent un caractère mystique sensuel. Les représentants des diverses communautés religieuses ont terriblement peur de ce genre de choses. Ils ne craignent rien tant que ceux qui, parmi leurs paroissiens , ont des tendances mystiques. On tombe vraiment, vous le voyez, de Charybde en Scylla :

En voulant percer le voile de la nature, on rencontre Charybde, les êtres d’intelligence ahrimaniens qui veulent nous combler de forces d’intelligence destructrice. En voulant percer le voile de la vie intérieure, on trouve Scylla, les êtres de volonté lucifériens qui veulent déclencher en nous une soif de sensualité spirituelle, des instincts spirituels […] Nous sommes donc devant une dualité : d’un côté l’occultisme objectif qui, s’il est apporté tel quel à des gens non préparés, fait d’eux des êtres destructeurs ; de l’autre côté la mystique subjective qui transforme chez ceux qui la cultivent l’idéalisme en égoïsme, cet égoïsme que l’on rencontre chez les mystiques qui n’ont su développer qu’une manie raffinée de s’occuper de leur âme !...

La sphère des esprits qui servent Ahrimane, cette sphère dans laquelle on entre quand on cultive non pas l’égoïsme, mais la soif de détruire, c’est Charybde. La mystique subjective des esprits de la volonté lucifériens, c’est Scylla qui nous entraîne de l’autre côté, car ces esprits développent notre égoïsme intérieur, jusqu’à nous faire prendre notre propre intériorité pour l’univers. Telle est la dualité caractéristique du monde sensible : occultisme objectif – mystique subjective. Les deux peuvent faire fausse route. » (R.Steiner, Les dangers d’un occultisme matérialiste, Paris, 2002, p. 175 sqq.)


Il convient alors de soigneusement distinguer ces deux mondes que les Anciens reconnaissaient respectivement pour les domaines d’Arès-Ahrimane, dieu de la guerre et de la destruction, d’une part, et de Dionysos-Lucifer, tentateur et instigateur d'autre part : le double écueil de la navigation astrale d’Ulysse en quête de son identité spirituelle. Recherchez maintenant les domaines où ces deux sortes d’entités spirituelles ont aujourd’hui leurs points d’impact les plus immédiats dans notre monde actuel en pleine descente vers le chaos, aussi bien dans la société que dans l’homme lui-même, et vous rencontrerez d'un côté la guerre et la férocité ahrimanienne, de l'autre l’invasion luciférienne de la drogue et de tous les paradis artificiels fébrilement usités en vue de s’extraire d’une réalité de plus en plus avilie :

Soit l'influence luciférienne des paradis illusoires.
Où l'on reconnaîtra le mirage des néo-mystiques orientales issues des corruptions du tantrisme : pseudo mysticisme hallucinatoire à la limite de l’hypnose et de l’autosuggestion en vogue dans nombre de sectes orientalisantes nées des formes dégradées du yoga. Mais aussi religiosité monastique européenne confondant spiritualité réelle et délire orgasmique telle que les virent fleurir les siècles de régence de Samaël aux temps des grandes fièvres médiévales et des exaltations baroques :


Le Bernin, Ste Thérèse

A contrario, la montée des entités obscures des mondes ahrimaniens.
Où l'on reconnaîtra la dévastation des guerres modernes, de plus en plus recoupées de toute éthique chevaleresque ou tout simplement humaine, et qui tendent toutes à la généralisation planétaire de cette future “Guerre de tous contre tous” annoncée depuis tant de siècles incluant la détérioration accélérée des liens sociaux. Il n’est, au plan humain, que d’observer un tant soit peu, ne serait-ce que l’effondrement des valeurs familiales et le vagabondage hors mariage de plus en plus de couples, pour comprendre que le divorce entre amour et vie sexuelle est aujourd’hui consommé – si tant est qu’il ne l’ait pas été depuis toujours. Pire, on assiste bel et bien, de nos jours – et ce particulièrement depuis les années 1880 de la Chute des esprits des Ténèbres décrite par Rudolf Steiner – à une effarante intrusion massive des esprits ahrimaniens de la sexualité dans le mental des hommes, esprits dont on sait qu’ils sont également ceux de la guerre et de la destruction, en même temps que ceux présidant aux réalisations industrielles…

La concomitance de ces deux fonctions montre à l’évidence de quelle origine sont les maux qui s’emparent aujourd’hui des hommes et qu’ils sont si loin de discerner.

C’est sous ce jour qu’il convient d’inscrire, en particulier, la très contemporaine apparition de la “Wicca” anglo-saxone dans notre monde en plein délire. Cette néo-sorcellerie directement extrapolée d’une théosophie mal comprise en vue d’une prétendue “magie sexuelle” en laquelle on n’aura nulle peine à reconnaître tous les ingrédients d’un érotisme propre à capter l’intérêt d’âmes esseulées sous couvert d’une vague rituelie de façade (nudité rituelle, danses orgiaques etc. sous la double égide d’une hypothétique déesse et du Grand Bouc).

Rien là, disons-le tout de suite, de très original, et sans nul rapport, faut-il le dire, avec ce que fut autrefois la véritable sorcellerie médiévale intégralement fondée qu'elle était sur les ultimes vestiges d'une clairvoyance atavique issue de la préhistoire. Cette clairvoyance basse où hommes et femmes pouvaient encore percevoir et se lier aux êtres de l’intermonde ainsi que Goethe l’a si bien décrit dans son Faust.

Mais ce n’est encore là que le simple aspect, disons “romantique” de la question et, sauf l’appel à l’égrégore, rien qui vienne porter l’agression jusque dans le viol et l’atteinte à l’intégrité du corps. Il n’en va déjà plus de même dans la perversion sadique de l’exploitation méthodique de la souffrance.

On déborde alors directement les avant-postes et les frontières de la magie noire, et ce généralement en totale inconscience de ce qui se passe en réalité derrière le voile masquant le monde astral où se développe la vie des âmes.

Il faut savoir, en effet qu’une des propriétés fondamentales de ce plan est d’être celui de l’inversion – car ce monde astral est aussi le monde inversif des sorciers et des mages noirs ; tout s’y révèle en son contraire : le fleuve y remonte vers sa source, la cause y apparaît après sa conséquence et le temps lui-même s’y renverse ; le pied sur l’herbe y foule une herbe rose, et la rose elle-même s’y épanouit en sa couleur complémentaire. Tout, absolument tout s’y inverse... Et pour qui s’adonne et ouvre son âme à ce qui monte ainsi des bas-fonds de cet univers, les plus intenses douleurs y rebondissent en intenses voluptés pour peu que l’art et la manière y prêtent la main.


C’est ainsi que chacune des souffrances, méthodiquement appliquée sur un être vivant, rebondit aussitôt dans le corps astral de son bourreau sous forme des plus vives jouissances. Ces choses-là sont à la base de l’art où le Frère Noir puise ses énergies les plus viles, au plus bas des bas-fonds de la sensualité, en particulier donc dans ce qui se tient derrière les forces de la sexualité. C’est une des particularités occultes propres au monde satanique où nous vivons d’engendrer, en effet, ces perversions. Le délire sanguinaire des foules en proie aux plus intenses jouissances à la vue d’êtres suppliciés, déchirés, ne date pas des jeux du cirque... Combien de femmes ou de nonnes, aujourd’hui, ne confondent-elles pas souvent l’extase religieuse avec la sensualité la plus trouble dans la contemplation morbide du corps supplicié du Christ en croix ? Des forces hostiles emplissent le monde et notre âme en est le champ de bataille*.

Il n’est que de visiter, par exemple, quelques sites sado-masochistes en multiplication exponentielle sur le Net pour le comprendre, et deviner sans peine que ce qui habite alors autant la femme que l’homme en ces pratiques perverties de soumission/domination ne participe même plus de la simple animalité, mais à l’évidence du démoniaque pur et simple, alliant voyeurisme et férocité jusque dans le décor à l’image de salles de torture ou autres gracieusetés.


Le simple souvenir des interrogatoires de l’Inquisition nous permettra de percevoir que tout autre chose que l’homme entre ici en jeu, mais bien l’infra-humain, l’activité fébrile d’une foultitude d’élémentals ahrimaniens, monde hostile de succubes et d’incubes œuvrant habituellement au tréfonds de la sexualité humaine, et prenant dès lors littéralement possession de ceux qu’on ne peut même plus dès lors appeler partenaires, mais bien esclaves des forces d’en bas.

On reste ainsi confondu de voir des femmes jeunes accepter jusqu’à la dislocation plus ou moins simulée de leur corps pour assouvir ce qui les dévore, ou même encore souffrir les pires outrages et humiliations pour de dérisoires rétributions de putains au rabais. N’eût été ce que la science spirituelle nous enseigne, on en viendrait presque à reprendre le mot de Dostoïevski : « L’homme est une ordure, il s’habitue à tout. » (Crime et châtiment).

On comprend mieux, dès lors, en quelle urgence nous sommes de percer enfin le voile d’illusion qui nous retranche de tout ce qui vit en nous-même et au dehors – et quel piège perfide nous est tendu d’assimiler sottement l’amour, qui devrait n’être que sacrifice, avec les forces basses de la sexualité.

On comprend mieux aussi maintenant ce qui conduisit les initiés de l’antique religion païenne à exiger la virginité de ses vestales, et plus tard, l’Eglise cathare à ne jamais faire du mariage un sacrement, tout juste un exutoire naturel en vue de la procréation.

Faut-il voir en cela l’offensive insidieuse de cette troisième hiérarchie du Mal au delà des entités lucifériennes et ahrimaniennes-sataniques évoquée presque à mots couverts par Steiner ? Ces entités démoniaques, antithèses des dieux Suras, s’attaquant directement au Moi humain en l’enchaînant à la matière, et qu’il convient probablement d’associer à la Grande Babylone de l’Apocalypse où se consommeront les noces infâmes des sinistres Frères Noirs avec la matière durcie de la Terre à sa fin, dans ce qu’il décrit comme « l’effroyable prostitution aux forces de la matière en dégénérescence » :

“Ce qui sera tombé au pouvoir des Asuras sera irrémédiablement perdu. Point n'est nécessaire que l'homme tout entier devienne leur proie, mais des morceaux de l'esprit humain seront découpés par les puissances asuriques.

A notre époque, les Asuras s'annoncent par l'état d'esprit qui sévit, état d'esprit s'attachant à la seule vie des sens, oubliant les véritables entités et les mondes spirituels. Dire actuellement que les Asuras induisent l’homme en tentation est quelque peu théorique. Pour le moment, ils font miroiter l’image trompeuse que le Je n'est qu'un produit du monde physique, ils lui font miroiter une sorte de matérialisme théorique. Mais ultérieurement, ils obscurciront la vue des hommes au sujet des êtres et des puissances spirituels ; ceci se manifestera de plus en plus par une débauche croissante, par une sensualité effrénée envahissant la terre. L'homme ne saura plus rien et ne voudra plus rien savoir d’un monde spirituel. Il enseignera toujours plus que les idées morales les plus élevées ne sont qu'une accommodation des pulsions animales. Il ne se contentera pas d'enseigner que la pensée humaine n'est qu'une modification d'une faculté animale, d'enseigner que l’homme, tant par sa constitution que par tout son être, descend de l'animal, mais prendra ces considérations au sérieux et vivra conformément à elles. Actuellement, personne ne vit encore en accord avec l’idée que l'homme, par essence, descend de l'animal, mais une telle conception règnera absolument, amenant les humains à vivre comme les bêtes, à s'enfoncer dans les pulsions et les passions animales. Et bien des choses qu'il n'est pas nécessaire de caractériser ici, qui se déroulent déjà dans les grandes villes sous forme d'abominables orgies de sensualité dépravée, nous font déjà entrevoir l'infernale lueur grotesque de ces esprits que nous appelons Asuras.”
(R. Steiner, Le Moi, son origine spirituelle, (16ème conf.), 1909, G.A.107)


On ne saurait conclure qu’en rappelant ici l’universalité de ces prophéties mettant inlassablement l’homme en garde contre ce qui se trame trop souvent à son insu, dans l’arrière-cour de ses désirs et le puits de son âme.

W. Helm


* Cf. J-Y.Guillaume. Le Graal de Montségur, p.91, avec autorisation de l’auteur.
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